Projet du bassin de rétention : le terrain de la discorde.
Quand les employés de la société Colas sont arrivés hier matin à Entraigues-sur-la-Sorgue, sur le lieu programmé d’un futur bassin de rétention, ils sont tombés nez-à-nez avec deux banderoles et une vingtaine de riverains.
Ils leur ont expliqué qu’ils s’opposaient au chantier en question. Ce qu’est venu constater un peu plus tard un huissier, Me Vigne, de Carpentras, dépêché par la municipalité d’Entraigues.
La ville se dit propriétaire du terrain, Damien et Laurence Brice aussi.
À l’origine de ce mouvement de refus, Damien Brice et son épouse Laurence. Ils habitent une maison située dans |’Allée des Piboulettes, à l’ouest d’Entraigues, sur un terrain de 2000 mètres carrés.
Sur un quart de la surface de ce dernier – 450 mètres carrés – la ville veut construire le bassin de rétention.
D’où la contestation du couple.
La municipalité se dit propriétaire de ces 450 mètres carrés à la suite d’un « acte administratif” daté de 1999 : l’acte de vente par l’Armée à la Ville, de lots de terrains militaires.
Mais voilà, la grand-mère de Laurence Brice fait entre-temps des révélations à sa petite fille.
Elle explique avoir fait, en 1947, l’acquisition du terrain sur lequel le couple vit aujourd’hui. Et Emile, l’arrière grand-père de Laurence, aurait quant à lui, acheté, en 1951, la fameuse surface de 450 mètres carrés à un propriétaire privé.
Damien Brice affirme qu’il détient toutes les preuves de cette propriété 2 « Nous avons |’acte notarié 1 ››
Il estime donc que la Ville n’a pas le droit de venir creuser un bassin de rétention sur un terrain qui ne lui appartient pas.
Le maire : « Ça fait 2 ans que M. Brice doit nous montrer son acte notarié »
Le maire, Guy Moureau est tout à fait daccord sur ce principe.
Seulement, il estime que ce n’est pas le cas puisque, selon lui, la Ville est la vraie propriétaire de cette parcelle.
« Je ne mets pas en cause la bonne foi du maire, ajoute Damien Brice.
Tout cela est peut-être dû à une erreur au niveau du cadastre départemental ››
« Ça fait deux ans que Monsieur Brice doit nous montrer son acte notarié, répond Guy Moureau. Mais il ne l’a toujours pas fait.
Il va pouvoir le faire puisque nous allons saisir un juge, pour lui demander qu’il dise le droit, en ce qui concerne ce terrain 1 ››
UNE ANCIENNE VOIE FERREE DE GUERRE
La propriété en question est longée par |’ancienne voie ferrée utilisée pendant la Seconde Guerre pour relier la poudrerie de Sorgues à la zone du Plan, à Entraigues, où se trouvait un entrepôt. Ce terrain militaire, appartenant à |’Etat, a été vendu en 1999 à la Ville d’Entraigues, en plusieurs lots, comme « acquisitions anciennes délaissées de la voie ferrée ». Le terrain de la discorde en faisait-il partie de ces lots ?
L’opposition en profitait pour dénoncer « la sururbanisation passée qui a rendu la ville vulnérable au inondations ».
Damien Brice précisait de son côté que la municipalité avait prévu de transformer l’ancienne voie ferrée militaire qui longe sa maison en « trouée verte », pour piétons et vélos, reliant la route de Sorgues à la zone du Couquiou, projet s’inscrivant dans le « Contrat d’axe » lié au retour du train.
« C’est dans le cadre de ce projet, qui va coûter 1M d’€ et dont nous voyons mal l’utilité, puisque piétons et vélos passent déjà par là, qu’il est prévu de creuser des fossés de rétention, et le bassin qu’ils veulent creuser dans mon jardin.
En plus la police municipale est passée vendredi dernier me dire que l’entreprise allait venir ce matin pour attaquer le piquetage et le terrassement ! »
Source : ledauphine.com – 17 mai 2014